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Lundi 5 janvier

Nous pouvons repartir à 02 Hr mais notre progression est lente car la glace à un pied et demi d'épaisseur et couvre la mer à 90%.
A 17 Hr, nous arrêtons. Notre position : 69°54’S., 22°41’E ! Notre déplacement compense à peine la dérive du pack !

Mardi 6 janvier

Le cauchemar continue : ce matin, nous avons pu naviguer pendant trois heures mais malgré cela, nous nous sommes éloignés de notre but de 11 milles vers le nord.

A 17 Hr, nous repartons. Le pack s'est ouvert devant nous et nous pouvons naviguer en eau libre dans des chenaux formés au sein d'une chaîne d'icebergs entre lesquels nous sommes obligés de louvoyer contre un vent qui souffle jusqu'à 50 miles à l'heure.

A 23 Hr, après avoir progressé de 15 miles, nous arrivons au bout du dernier chenal et nous nous trouvons face à une barrière de glace infranchissable. Nous descendons "à terre" pour nous dérouiller les jambes et sommes accueillis par un indigène : un manchot empereur.






Mercredi 7 janvier

Position : 69°55’S, 22°0’E. Nous sommes approximativement à 16 miles ( +/- 25 km) du lieu où nous devons débarquer. Le capitaine Boë signale que si, pour le premier février, le débarquement des hommes et du matériel n'a pas eu lieu, il faudra envisager de faire demi tour car la réserve de carburant s'amenuise et pourrait devenir insuffisante pour le retour. En outre, le Polarhav risquerait d'être pris définitivement dans les glaces.
Etant donné la situation, Frank Bastin et Jacques Maquet étudient les différentes solutions possibles.
Première solution : gagner la base Roi Baudouin à pied avec un minimum de chargement. éventuellement, avec l'aide de l'hélicoptère de la base. La première équipe pourrait faire le chemin inverse afin d'embarquer sur le Polarrhav et regagner la haute mer.
Deuxième solution : faire appel à l'aide internationale pour obtenir l'appui d'un brise-glace qui ouvrirait la route au Polarhav et nous amènerait à destination. "Mike" (Crosby) suggère d'ailleurs de mettre Bruxelles et Washington au courant de cette éventualité afin qu'ils ne soient pas pris au dépourvu si nous décidons finalement de lancer cet appel.
Nous établissons le contact radio avec la base Roi Baudouin afin de les mettre au courant de ces deux possibilités.

Jeudi 8 janvier
Réponse de la base : Gaston de Gerlache et Xavier de Maere sont opposés à l'idée de gagner la base à pied car les risques sont trop élevés : crevasse, basculement d'une plaque de glace, etc. De plus, en supposant que l'arrivée de la deuxième équipe réussisse mais que le départ de la première échoue, le nombre de personnes à la base atteindrait presque la quarantaine et les réserves de vivres seraient alors nettement insuffisantes pour faire face à une année supplémentaire en antarctique. La seconde solution est nettement préférable. De Gerlache signale qu'un brise-glace russe est en route pour acheminer du matériel vers Lazaref ice shelf et pourrait venir secourir le Polarhav dans quelques jours une fois le déchargement terminé.
En conséquence, l'appel à l'aide internationale semble être la seule solution raisonnable.
De Gerlache fait encore remarquer qu'il dispose de carburant et de nourriture en suffisance pour prolonger la mission de la première équipe si nécessaire et assurer un programme limité de physique de l'ionosphère, la météorologie et le rayonnement solaire sans problème.
Pendant que les chefs discutent de la tactique à adopter, les membres de la seconde équipe sont descendus sur le pack. Quelques-uns ont improvisé un match de football, d'autres ont décidé de monter leur tente, d'autres encore commencent leurs observations en envoyant une première sonde météorologique.


Vendredi 9 janvier
Frank Bastin décide de demander l'aide d'un brise-glace : un appel est lancé dans ce sens.
Le capitaine Boë fait alors remarquer qu'il ne pourra rester sur les lieux du débarquement plus longtemps que le brise-glace car il devra profiter du chenal ouvert dans la glace par ce dernier pour regagner les eaux libres. En conséquence, au cas où le brise-glace ne pourrait rester que quelques heures, il faudrait limiter le débarquement du matériel à l'essentiel. Il conviendrait donc de réorganiser la cargaison de façon à ce que l'indispensable soit facile à atteindre.

Samedi 10 janvier
A 22.00 Hr, un message venant de la base Roi Baudouin nous apprend que le brise-glace russe Ob a presque terminé le déchargement à la base Mirny (66° 33' S, 93°00' E) et peut venir à notre secours si une demande officielle est introduite. Il pourrait être là vers le 1er février.

Le brise-glace Ob
130 m de long, 18,8 m de large, 12.600 tonneaux 




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